Atteinte hépatique médicamenteuse

À retenir

L’atteinte hépatique médicamenteuse est un problème fréquent et souvent sous-diagnostiqué. De nombreux médicaments sont associés à un risque de toxicité hépatique, dont la présentation peut être polymorphe.

L’atteinte hépatique médicamenteuse est un problème fréquent et souvent sous-diagnostiqué. De nombreux médicaments sont associés à un risque de toxicité hépatique, dont la présentation peut être polymorphe. En général, l’atteinte hépatique est peu grave, mais de rares cas d’évolution fatale justifient d’être vigilant. Les plus fréquents pourvoyeurs étant le paracétamol, les antibiotiques, les AINS et les antiépileptiques. L’arrêt du médicament est souvent la seule attitude diagnostique et thérapeutique à adopter face à un cas alarmant.

Le foie est un organe exposé à de nombreux agents toxiques potentiels car il est notamment le siège d’enzymes importantes dans la détoxification d’aliments et de boissons, le principal site d’élimination des médicaments et un organe est richement irrigué.

L’atteinte hépatique médicamenteuse est classifiée en deux grands groupes, les atteintes toxiques intrinsèques (dose-dépendantes, prévisibles) et idiosyncrasiques (souvent indépendantes de la dose et imprévisibles) pouvant faire intervenir des mécanismes immunitaires. Les médicaments réputés hépatotoxiques sont souvent lipophiles et métabolisés dans le foie, exposant ce dernier à des intermédiaires réactifs. La présentation d’une atteinte hépatique médicamenteuse peut aller d’une simple induction enzymatique n’appelant aucune mesure corrective à une hépatite fulminante dans les cas les plus graves. Elle peut aussi : réaliser une hépatite cytolytique, cholestatique ou mixte, une stéatose avec acidose lactique, une maladie veino-occlusive ou encore des tumeurs hépatiques.

  • Le paracétamol, le valproate, l’amiodarone, la cholestyramine, la cyclosporine, les héparines, les antirétroviraux ou des chimiothérapies antimétabolites sont des pourvoyeurs de toxicité hépatique intrinsèque.
  • L’amoxicilline-clavulanate, le bosentan, le diclofenac, la flucloxacilline, le felbamate, l’isoniazide, le pyrazinamide, le kétoconazole, le lisinopril, la minocycline, la nitrofurantoine, la phénytoïne, le propylthiouracile, les statines, les sulfonamidés sont des pourvoyeurs d’atteintes hépatiques idiosyncrasiques (listes non exhaustives).
  • Suspendre le médicament suspecté en présence de signes de toxicité hépatique significative
  • En cas d’anomalie biologique limitée (tests de cytolyse ou de cholestase à moins de 3x la norme), une simple observation sans modification du traitement d’emblée est possible.
  • En cas de suspicion d’effet indésirable grave, une annonce à la Pharmacovigilance doit être faite (en interne 41600, en externe via le logiciel de Swissmedic, ElViS

https://www.swissmedic.ch/swissmedic/fr/home/medicaments-a-usage-humain/surveillance-du-marche/pharmacovigilance/elvis.html

  • Diagnostic différentiel de l’atteinte hépatique comprenant une origine médicamenteuse possible si des médicaments potentiellement hépatotoxiques sont en cours (versus atteinte infectieuse, vasculaire, métabolique).
  • Reconnaître les signes d’insuffisance hépatique

En l’absence de mise en suspens du traitement incriminé, une aggravation de la réaction est possible pouvant dans de rares cas conduire à une greffe hépatique ou au décès