Pseudohypoparathyroïdie (PHP)

À retenir

  • Le terme de pseudohypoparathyroïdie (PHP) regroupe un spectre hétérogène de troubles endocriniens caractérisés par une résistance à l'action de la parathormone (PTH), se manifestant par une hypocalcémie, une hyperphosphatémie et un taux de PTH élevé.
  • Une résistance à d’autres hormones peut aussi être associée.
  • Le diagnostic d’une résistance à la PTH doit faire réaliser une investigation étiologique moléculaire poussée.
  • Un suivi régulier multidisciplinaire est nécessaire durant toute la vie.

La qualité de vie dépend de l’équilibre phosphocalcique, l’atteinte osseuse et l’extension des calcifications ectopiques.

La petite taille, l’obésité et la présence d’autres déficits hormonaux peut aussi entraver la qualité de vie.

Le terme de pseudohypoparathyroïdie (PHP) regroupe un spectre de pathologies dont le défaut moléculaire est un élément de la voie de signalisation du récepteur de la parathormone (PTH/PTHrP).

Dans les pseudohypoparathyroïdies bien que la PTH endogène soit synthétisée, les patients présentent des signes très similaires à ceux atteints d’une hypoparathyroïdie : hypocalcémie, hyperphosphatémie et une augmentation de la réabsorption tubulaire du phosphate.

Dans certains cas, une résistance à d’autres hormones dont les récepteurs sont couplés aux protéines G (telles que la TSH, gonadotrophines, GHRH et calcitonine) est aussi observée.  Certains patients présentent une ostéodystrophie héréditaire d’Albright, qui comprend un faciès rond, des ossifications ectopiques, une brachydactylie et une petite taille due à une fermeture prématurée des plaques de croissance. Une obésité précoce et un retard du développement peuvent également faire partie du tableau clinique.

Les syndromes génétiques de résistance à la PTH sont secondaires à :

  1. Une mutation du récepteur de la PTH- chondrodysplasie de Blomstrand
  2. ­Une mutation du gène GNAS- PHP1A, PHP1C, pseudo-pseudohypoparathyroïdie (PPHP), Héteroplasie osseuse progressive (POH)
  3. Une trouble de la méthylation du gène GNAS- PHP1B
  4. Une mutation du gène PRKAR1A- Acrodysostose 1
  5. Une mutation du gène PDE4D ou PDE3A- Acrodysostose 2

Tableau clinique des syndromes de résistance à la PTH

 

PHP1A

PHP1B

PPHP

POH

ACRODYS1

ACRODYS2

Croissance

Vitesse de croissance diminue progressivement durant l’enfance

Petite taille adulte

Taille adulte moyenne

SGA

Vitesse de croissance diminue progressivement durant l’enfance

Petite taille adulte

SGA

SGA

Petite taille adulte

SGA

Petite taille adulte

Obésité

Apparition précoce

Apparition précoce

BMI normal

BMI normal

Oui

Oui

Brachydactylie

70-80%

15-33%

<30%

Rare

97%

92%

Avance de la maturation osseuse

70-80%

15-33%

Pas connu

Pas connu

100%

100%

Ossification ectopique

30-60%

0-40%

18-100%

100%

0%

0%

Résistance à la PTH

100%

100%

Rare et discrète

Non

100%

29%

Résistance à la TSH

100%

30-100%

Rare et dicrète

Non

100%

16%

Symptoms neurologiques

Retard mental

Calcifications cérébrales

Calcifications cérébrales

Pas connu

Pas connu

Pas connu

Retard mental

Gonades

+/- Résistance aux gonadotropines

Normal

normal

Pas connu

 

+/- Résistance aux gonadotropines

 

Pas connu

Adapté de Mantovani et al, 2018

Diagnostic

  • Bilan phosphocalcique : Ca, Phosphate, Magnesium, PTH, 25-OH Vitamine D et 1.25-(OH)2-Vitamine D
  • Bilan thyroïdien : TSH, T4L
  • Recherche d’autres résistances hormonales selon tableau clinique
  • US rénal (recherche de néphrocalcinose)
  • Marqueurs métabolisme osseux: P1NP, Beta-crosslaps (β-CTX), Calcitonine
  • Bilan génétique. Conseil génétique après confirmation du diagnostic

Suivi

  • Bilan phosphocalcique
  • TSH, T4L
  • Suivi de la croissance. Dosage de facteurs de croissance (IGF1, IFGBP3) dès l’âge de 3-6 ans
  • Age osseux en cas de décélération de la croissance
  • BMI et comportement alimentaire
  • Tension artérielle
  • US rénal (recherche de néphrocalcinose)
  • Evaluation et suivi des calcifications cutanées
  • Densitométrie osseuse (absorptiométrie à rayons X à double énergie (DXA))
  • CT cérébral (recherche de calcifications cérébrales) en cas de symptomatologie neurologique
  • Evaluation ophtalmologique (recherche de cataracte)
  • Suivi dentaire
  • Evaluation neurocognitive
  • Suivi psychologique
  • Suivi pubertaire

Traitement

Dérivés 1-hydroxylés : réservés aux hypocalcémies chroniques résultant d’un défaut de production rénale de 1,25- (OH) vitamine D (hypoparathyroïdie et pseudohypoparathyroïdie, rachitisme pseudo-carentiel) ou aux hypocalcémies sévères aiguës

<1 an : 0,04-0,08 mcg/kg PO / jour
1-5 ans : 0,25-0,75 mcg PO / jour
>6 ans : 0,5-2 mcg PO / jour
 

  • L’objectifs du traitement est de maintenir une calcémie dans les valeurs normales basses afin de prévenir les symptômes d’hypocalcémie, d’éviter une hypercalciurie et de limiter l’hyper-résorption osseuse secondaire aux taux élevés de PTH.
  • Diminution des doses dès calcémie < 2.2 mmol/L.
  • Hypocalcémie/Hypercalcémie iatrogène
  • Néphrocalcinose/calcifications cérébrales
  • Ossifications cutanées
  • Complications ophtalmologiques
  • Complications dentaires
  • Obésité et ses complications métaboliques, SAOS
  • Dysthyroïdie
  • Troubles de fertilité
  • Trouble de croissance/Petite taille adulte
  • Retard de dévéloppement cognitif
  • Troubles psychologiques